À huis clos, tu ne pourras pas m'échapper [PV Cheshire]

TAprès une heure du matin, le Bloody Night ferme ses portes aux clients. C’était l’instant où les derniers employés restaient pendant plus d’une heure afin de nettoyer le bar de fond en comble. Que ce soit le sol ou les meubles, Ashe demandait à ce que tout soit bien désinfecté pour éviter toute contamination. Tout manquement aux règles d’hygiène se résultaient à recommencer le travail jusqu’à ce que ce soit propre. En dépit de cette dureté, le gérant n’était pas non plus un tyran quant à l’ambiance du ménage. La musique ou l’amusement était tolérable tant que tous fassent son travail. Si au début, il faisait son administration concernant les recettes de la journée ou encore le comptage des caisses, il n’hésita pas à prendre le balai lui-même afin d’aider au ménage. Généralement, la paperasse lui mettait plus de vingt minutes.

À sa sortie du bureau, l’ex-soldat s’exécuta sans un mot à aider ses employés.

Parmi l’équipe du soir, il y avait Cheshire, qui passait un coup sur la machine à café. Son regard se tourna vers lui, surtout sur sa blessure sur la tête. Ses yeux se froncèrent une nouvelle fois, irrités qu’on ait touché à « son » chat de la sorte. Il se souvenait que le barman faisait quelques extras, en dehors de ses horaires de travail. Jusqu’à présent, il le laissait faire, lui laissant toute liberté. Tant que la vie du minou n’était pas en danger, il pourrait fermer les yeux. Or, son torse s’était serré la première fois qu’il avait vu cette horreur.

L’idée de se diriger vers la rose et le plaquer contre le mur avait déjà germé dans son esprit. La vue du pansement ne le répugnait absolument pas, au contraire, il voulait réveiller la douleur tout en le punissant de s’être blessé. Il se demandait quelle serait la réaction du chaton, en prise sous son joug et sa colère. Et surtout, il voulait lui montrer qu’une blessure ne sera tolérée, sauf les siennes.

Cela faisait presque quatre heures qu’il voyait cette blessure, sans obtenir une explication. D’ailleurs, son barman avait évité au mieux son attention, sachant la réaction du patron. Ashe ne lui sauta pas dessus, attendant le meilleur moment pour lui parler. Sauf que tout au long des créneaux horaires ou des pauses, ce dernier lui filait entre les pattes, comme ce fut le cas dans le monde des contes.

Or, Ashe avait prévu le coup et il avait fait ses avances.

Le ménage de fini et la mise en place faits, Ashe examina le travail de chacun à tour de rôle. Sans son approbation, personne ne quitta les lieux. Il commença par un employé masculin avant de passer aux femmes. Il va s’en dire qu’il finira avec le chat. Dès que tout lui convenait, il donna à tous la permission de badger et quitter les lieux.

Dès l’instant où ce fut au tour de Cheshire, le patron le prit par-dessous l’épaule et l’attira vers lui.

— J’ai à te parler, Cheshire, annonça-t-il, d’une voix ferme. Vous autres, vous pouvez y aller et faites attention en rentrant.

Son regard balaya ses collègues sans lâcher son emprise du chaton. Il attendit que chacun sorte du bâtiment par la porte de derrière. Seul à seul, il fixa sa malheureuse victime des yeux avec qu’une seule envie : avoir le fin mot de l’histoire. Ce fut qu’à cette optique qu’il lâcha Cheshire tout en lui faisant face.

Un long silence s’installa, attendant que son barman lui offrît une explication à son apparence. Mais quand il voyait la confusion sur son visage, il se mit à sourire et fit descendre une chaise de la table.

— Installe-toi. J’ai à te parler et je crois que tu sais quel est le sujet de ta convocation.